15 octobre 2013

Biche oh ma biche ...quand tu galopes !

"Biche ! Biche!" J'ai beau le crier , les deux gars qui cognent sans un mot  à ma porte redoublent de coups et ...bon c'est pas très agréable ! On est dimanche et il n'est pas dix heures tout de même ! Ah oui la biche que vient -elle faire ici ? Heu c'est un mot que j'ai , malheureusement , vite dû apprendre . C'est une négation appuyée du genre NON , NE PAS ....Avec les dizaines d'appels téléphoniques, mauvais numéros, mauvaises manips  - normal quand on téléphone en conduisant dans le rodéo permanent de la capitale  - qui ne m'étaient pas destinés,  une jeune femme m'a appris le mot magique : "Biche !" Normalement après on ne vous dérange plus
Si les deux inconnus ne m'avaient pas sérieusement agacée j'en aurai rit en m'entendant bramer le nom de ce doux animal , ou du célèbre thonier de la voix la plus ferme qui soit derrière une porte déjà risible puisque calfatée de papier toilette pour ne pas recevoir toutes les volutes de fumée de l'insomniaque du 2ème étage !
Espérons que ces deux gars vont pas revenir avec.... un pied de biche !

Non Oulan-Bator n'est pas de tout repos et si on y rit et s'y amuse c'est derrière les murs entre gens de confiance, ou loin du centre dans les faubourgs accrochés à ce qui reste de collines. Le coeur d'Oulan-Bator peut paraitre insensible et trop agité pour être Mongol, on n'y a perdu le sourire . C'est une ville de femmes , vénale (la ville - pas toutes les femmes ..quoi que ...). Des femmes qui se méfient entre elles, qui ont du se battre et dont on se doit de respecter le parcours, la lutte , la réussite. Elles y sont dures, ombrageuses , parfois même aux aguets ..Occidentales plutôt qu'asiatiques, Mongoles avant tout , impulsives  et très très très occupées.

Le coeur d'Oulan-Bator bat au rythme de la mondialisation , de la modernisation à tout prix , à n'importe quel prix . La capitale mongole est une élégante ! Les femmes s'y habillent et sont sinon toujours belles , toujours très soignées mais les couleurs sont moins éclatantes qu'à la campagne. Et dans les tenues des étudiantes seulement semble t-on apercevoir un peu de légèreté, de fantaisie . Le climat pourtant devrait les laisser sous leurs épaisses et unisexes Del , la robe-manteau traditionnelle encore portée par les plus anciens mais certainement pas par les jeunes et les femmes actives. Sauf quand ce très utile vêtement que je trouve noble et intelligent , est détourné par les designers montants ou par de jeunes créatifs qui le couse de motifs de hard rock!  Le nationalisme grandissant dont les occidentaux s'inquiètent en ville ,  remettra t-il le Del à la mode toute l'année et pas seulement les jours de fêtes nationales ou familiales ?

A Oulan-Bator tout le monde est aussi pressé que si il fallait rattraper un poulain préparé pour le Nadam * et égaré la veille dans la steppe !  La circulation apparait comme un enfer , puis comme un jeu,  une règle d'or : celle de la horde ! Ne surtout pas s'arrêter au milieu de votre élan quand vous traversez même si un Hummer, ou le plus gros des Toyota  vous foncent dessus ...Le cavalier urbain est soit motorisé (voiture) ,  soit à pied (les piétons doivent rester cavalier dans l'âme) . Et chacun (conducteur ou piéton ) s'attend à ce que l'autre (conducteur ou piéton) soit avant tout un cavalier chevronnée . Faut suivre c'est clair ! Un véhicule s'attend  à ce que le piéton  trace sa piste toute bride abattue !  On n'arrête pas comme ça un étalon au galop...et surtout pas au milieu d'une voie de circulation..Au mieux peut on tirer sur l'encolure pour dévier la route ....Il reste bien l'espace de sécurité de 50 cm entre les deux sens de circulation , accordé comme une solution possible pour éviter le choc. ..mais c'est mal vu et  cela laisse le temps au policier chargé de mettre un peu d'ordre en centre ville de vous siffler . Au mieux il vous met la honte devant tout le monde , au pire il vous menace d'une amende ! Ou plutôt de vous soutirer quelques billets ce qui est synonyme.
La capitale mongole galope bien  de la foulée la plus longue qui soit ...



* Grande fête nationale en juillet avec courses de chevaux pour tous les âges dès le plus jeune ; 5 ans.